Parce que j’attrape distraitement ce vieux jeans usé et rarement lavé, que je glisse les bords prestement au fond des bottes. Que je laisse cette paire de gants pour les mains nues. Parce que je me glisse seul au fond du cabanon et que j’y choisi les outils du jour. Parce qu’il ne m’attendra pas, qu’il grandirait si bien sans moi. Mais parce que j’ai une douce envie de lui donner ma marque. Parce que la marque m’a échappée à la fin de chaque saison. Parce que je choisis la bêche et le sécateur, parce que c’est mars et qu’octobre a été trop froid trop vite pour terminer la tâche. Parce que la ferraille s’y enfonce en douceur, que la terre est encore détrempée car à peine dégelée. Parce que j’y retire délicatement les plantes trop mortes, qui se rejoignent sur le talus, là au bout, un peu caché. Parce que mai va arriver et que les vivantes vont prendre leur place, peut être s’épanouir, peut être se reposer juste une année. Parce qu’il sera certainement jaune, mauve, lilas, bleu, un peu rouge, évidemment très vert. Parce que la sauvage y aura sa place à côté de la délicate. Parce que les tendres couleurs des arbres se métamorphoseront en gros fruits bien juteux. Parce qu’il est bon s’y poser. Parce qu’il est bon le partager. Parce que le banc sous la haie est là pour accueillir le lecteur, parce que l’herbe tendre amortis les chocs des jeux des petits. Parce que les bouquets se déposent sur la table de la cuisine, les fruits dans les corbeilles. Parce qu'il va s'endormir avec la douceur d'octobre, peut-être même un peu jaunir...
J'ai eu trois jardins, le premier en bord de Meuse a perdu sa fraîcheur, le second s'est discipliné à un propriétaire trop carré, le dernier est maintenant aux mains de Pauline et se porte à merveille, il est devenu un lieu de vie et de convivialité merveilleux. Le prochain…
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