vendredi, mars 03, 2006

Juste un projet


Assis seul à ma table, ma fidèle au bout des doigts, je retrospecte. Les enfants sont retournés près de Pauline où Nicolas le fils de son ami les a rejoint. Tout à l'heure je vais sans doute quitter Mons pour Lustin.
Je retrospecte ces dernières heures et je crois intiment qu'hier soir j'ai tout donné. J'ai été au bout de ma sincérité, je me suis totalement dévoilé.
Je retrospecte ces derniers mois et je crois intiment avoir à nouveau touché au bonheur, j'en connais maintenant la forme.
Quelque part au bout d'un chemin de campagne bucolique et reposant, des cris d'enfants, un grand jardin tout juste entretenu derrière un large maison toujours grande ouverte. Aucune nostalgie, c'est ainsi que je me sens bien, je le sais, je l'ai vécu à Lustin, à Casteau, même à Liège...
J'ai besoin de ce havre de paix où le temps parfois se pose parce que le travail est prenant, parce que la vie est trop rapide, parce que les enfants ont besoin d'espace, parce qu'un vrai nid est nécessaire à mes petits voyageurs, parce que j'ai des amis que je souhaite bien accueillir, parce que je me suis baladé ces trente sept dernières années et que j'ai un belle envie de me poser, peut-être même de me reposer.
Cet endroit je ne le conçois pas seul, parce que j'ai envie de le partager, de le rendre moi et non moi, parce que c'est une belle source d'équilibre, parce que je crois au pouvoir du bonheur à deux. Je l'ai vécu et je n'ai aucune envie de m'en priver. Je peux même écrire qu’il me manque.
Cet endroit je ne le conçois pas parfait, je ne le veux pas totalement contrôlable, parce que la perfection crispe, parce que le désordre me plaît, parce que l'inattendu m'émeut.
Cet endroit je le vois un peu comme un point central, où chacun se retrouve de là où il vient, de chez maman, de chez papa peut-être, d'un beau voyage, d'une longue journée de travail, d'une soirée bien arrosée. Un lieu de retrouvaille, où parfois les gens se croisent, où parfois le nombre de lits est insuffisant, où parfois le silence est maître, où parfois le chaos rend un peu fou, où parfois les gens se cachent.
Ce projet ce n'est pas une obsession, c'est un énorme désir, c'est un concentré de ce qui m'a rendu heureux ces trente sept dernières années. Ce serait bien triste de partir sans y avoir de nouveau goûté pleinement.
Ce projet je le veux simple et sans prétention parce qu'il est simple et sans prétention. Je le sais réaliste car toute sorte de gens l'ont mis en place, ces gens qu'on ne sait plus voir, parce qu'on nous habitue à ne voir qu'une sorte d'extraordinaire... bon sang quelle sorte, celui qui pue, celui qui fait mal, celui qui clinque, celui qui se consomme en trois minutes, le sensas, le vendable. Ou peut être celui des belles pages des magazines de déco... Non! Je ne cherche pas une image de papier glacé, je souhaite juste un supplément d'âme, une atmosphère de vie qui me convient.
Ce projet, je n'ai aucune raison de m'en priver. Je ne sais ni quand ni comment, je sais que le chemin n’est pas connu et qu’il peut être long, mais je me fais la promesse de m'en approcher un peu chaque jour.
Peut-être est-ce juste un doux rêve? C'est joli les rêves et sans danger.

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